Voyage au(x) pays des mots intraduisibles

Pålegg, mudit, kintsugi ou encore giomlaireachd : connaissez-vous ces mots étrangers qui n’ont pas d’équivalent en français ? Chacun d’entre eux incarne la diversité linguistique et culturelle du monde qui nous entoure. Préparez-vous à embarquer dans un tour d’horizon de ces mots intraduisibles, tantôt étranges, tantôt amusants, qui transcendent les frontières.

Pourquoi certains mots sont-ils intraduisibles ?

Bien plus qu’un simple moyen de communication, la langue constitue le reflet d’une culture, d’une histoire, d’une identité. Le choix des mots que nous utilisons révèle la façon dont nous percevons notre environnement et interagissons avec le monde qui nous entoure.

Chaque culture ayant ses propres particularités, celles-ci peuvent parfois être difficiles à exprimer avec précision dans d’autres langues. C’est là qu’entrent en scène les mots intraduisibles, qui témoignent de la capacité d’une langue à désigner en un seul mot ce que d’autres ne peuvent décrire qu’au moyen d’une longue paraphrase. Qu’ils illustrent des concepts propres à une société ou dépeignent une expérience universelle, ils sont profondément enracinés dans le paysage linguistique mondial.

3 bonnes raisons de s’intéresser aux mots intraduisibles

Vous vous demandez certainement pourquoi prendre la peine de chercher à comprendre ces mots intraduisibles qui nous sont si peu familiers, n’est-ce pas ? Voici trois bonnes raisons (parmi tant d’autres) de s’y intéresser de plus près :

  • Faciliter l’apprentissage des langues : pour apprendre une langue, il ne suffit pas d’assimiler son vocabulaire et sa grammaire, mais il faut également explorer la culture et la mentalité de la société dans laquelle elle s’inscrit.
  • Mieux communiquer : l’utilisation partagée de mots intraduisibles permet de créer des ponts entre les langues et les cultures, tout en apportant nuance et authenticité aux échanges.
  • Développer une sensibilité interculturelle : avoir connaissance des mots intraduisibles et s’y intéresser, c’est reconnaître et célébrer la richesse et la valeur de chaque langue et de chaque culture.

Typologie des mots intraduisibles

Passons maintenant à la pratique avec un tour d’horizon (non exhaustif) de ces petits joyaux linguistiques :

– Mots du quotidien : il ne s’agit pas forcément de concepts abstraits, mais de termes ancrés dans la vie quotidienne qui désignent des situations ou des actions précises.

  • Pålegg (norvégien) : tout ce qui peut être déposé sur une tranche de pain
  • Cualacino (italien) : marque laissée sur une table par un verre froid
  • Alo’alokiki (hawaïen) : courir sous la pluie

– Mots liés aux émotions ou aux sensations : si la plupart des sentiments sont universels, ceux-ci peuvent être exprimés de manière unique dans chaque langue.

  • Iktsuarpok (inuit) : impatience qui pousse à aller regarder dehors lorsqu’on attend quelqu’un qui est sur le point d’arriver
  • Freizeitstress (allemand) : stress ressenti à l’idée d’avoir beaucoup à faire pendant son temps libre
  • Mudit (sanskrit) : bonheur de voir quelqu’un d’autre heureux

– Termes techniques : il arrive que certaines techniques ou certains concepts ne soient pas traduits, car ils n’existent pas, ou sont encore trop peu présents, dans la société de la langue cible.

  • Kintsugi (japonais) : méthode de réparation consistant à sublimer les fissures d’un objet avec de l’or au lieu de chercher à les cacher
  • Common law (anglais) : système juridique dans lequel la jurisprudence constitue la principale source de droit

– Mots liés à des habitudes culturelles : ces termes reflètent les valeurs d’une société et les pratiques qui en découlent.

  • Talaka (biélorusse) : pratique d’entraide dans un village, souvent en échange d’un repas en fin de journée
  • Petchalba (macédonien) : rite consistant à partir pour un tour du monde afin de faire fortune avant de revenir
  • Giomlaireachd (écossais) : avoir l’habitude de passer voir des amis seulement durant les heures de repas

Soulignons également que le français n’est pas en reste avec des mots tels que terroir, dépaysement et bérézina, qui sont sans équivalent direct dans les autres langues.

L’humour est-il traduisible ?

La question de la traduction de l’humour est particulièrement complexe et nécessite une bonne dose d’inventivité pour retranscrire l’effet escompté en surmontant deux obstacles majeurs : les jeux de mots et les références culturelles. Nous vous laissons imaginer la difficulté de traduire une blague telle que « Pourquoi les joueurs de tennis belges s’entraînent-ils avec des boulons ? (Réponse : Pour gagner la coupe Davis) », qui repose sur ces deux ressorts comiques. D’ailleurs, saviez-vous qu’en indonésien le terme jayus désigne justement une blague tellement mauvaise qu’elle en devient drôle ?

Comment traduire l’intraduisible ?

Nous l’avons vu, les mots empruntés constituent un enrichissement, une passerelle entre les langues et les cultures. Pour autant, si certains mots ne sont pas traduits aujourd’hui, rien ne dit qu’ils ne pourront pas l’être par la suite. Il suffit d’examiner l’approche de nos cousins québécois, qui sont parvenus à inventer des termes tels que baladodiffusion ou égoportrait (respectivement, podcast et selfie), pour se rendre compte que la traduction offre des possibilités de création infinies.

Si certains mots peuvent paraître à première vue intraduisibles, il convient toutefois de nuancer cette idée : ce n’est pas parce qu’un terme n’a pas d’équivalent direct dans une autre langue que son message ne peut pas être exprimé autrement. Pour ce faire, n’hésitez pas à faire appel à l’expertise d’un traducteur humain, qui saura déterminer la meilleure stratégie pour, comme l’évoque la formule célèbre d’Umberto Eco, « dire presque la même chose ».

 

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