Quand on n’a plus les mots : la communication non verbale dans le monde

Mots clés, mots magiques, maîtres mots et buzzwords — les mots sont souvent considérés comme le socle de la communication (ce n’est pas un traducteur qui vous dira le contraire, le mot étant pour lui jusqu’à une façon de compter). Le signifiant, pourtant, adopte bien d’autres canaux qui vont bien au-delà du seul langage articulé ou écrit : postures, gestes des mains, positions de la tête, regards, expressions, mais aussi notre position dans l’espace et notre proximité par rapport aux autres sont autant de signes qui forment ce que l’on appelle la communication non verbale. Une forme de communication dont nous n’avons pas toujours conscience, mais qui est pourtant essentielle.

 

Quand le corps se fait discours

Cette communication non verbale passe très largement par notre langage corporel. Nous ne sommes plus ici dans la communication explicite : nous ne disons pas, notre langage corporel « dit de nous ». Il nous trahirait même (si l’on en croit les titres d’innombrables billets de blog professionnels consacrés à la question), révélant à notre insu intentions, état d’esprit et personnalité : la position des mains serait un indice de l’authenticité du discours, un regard peut dénoter un intérêt ou révéler une gêne, des jambes ou des bras croisés signalent une position défensive… Le message est quasi subliminal, sauf pour les spécialistes de l’exercice.

De quoi intéresser fort logiquement la sphère professionnelle. Figures politiques, recruteurs et candidats à des postes, négociateurs commerciaux, spécialistes des arts oratoires : ils sont nombreux à avoir compris qu’une meilleure maîtrise de ce langage non verbal peut être le moyen à la fois de « lire » son interlocuteur, mais aussi de donner une image d’assurance, d’ouverture, de motivation, de sympathie ou encore d’écoute, selon l’objectif.

 

La communication non verbale, béquille du langage

Mais au-delà de ce langage corporel qui nous dit, la communication non verbale a aussi un pan actif. Celui-ci passe par un ensemble de signes que nous avons appris à manier pour les convoquer en renfort des mots, voire comme substituts du langage. Ainsi, notre gestualité peut être un moyen de désigner quelque chose, mais aussi d’illustrer un propos par l’entremise de mouvements qui en fournissent comme une traduction simultanée : une main sur le crâne accompagnant l’énoncé, « J’ai mal à la tête », un doigt levé pour « J’étais là-haut », ou un signe de tête pour « Mon interprète ici présente ». Parallèlement, hochements de tête, froncements de sourcils ou gestes de la main offrent aussi un moyen de coordonner l’échange, de confirmer ou de s’assurer qu’un énoncé est bien compris, et que la communication est ouverte et efficace.

 

La force du geste

Plus qu’une simple béquille du langage, le geste peut cependant avoir son propre sens lui permettant de s’affranchir du verbe et de s’y substituer. Un applaudissement, un clin d’œil, un pouce (ou un majeur) levé, un index sur les lèvres… Ces signes nous parlent directement, nous savons toutes et tous ce qu’ils veulent dire. Et l’exercice inverse est tout aussi éloquent : il y a fort à parier que si je vous demandais de me traduire par des gestes des expressions comme « Mmh. Un délice ! », « On s’en va ? » (accompagné du regard interrogateur, sourcils levés), « Mon œil, oui » ou « Tu es en retard », vous sauriez parfaitement vous faire comprendre. Pourquoi utiliser les mots quand on peut parler avec les mains ?

Et je vous vois venir : je vous dis « parler avec les mains » et vous pensez tout de suite « Italie ». Le cliché consacre effectivement nos amis transalpins comme champions toutes catégories en la matière. Mais pourquoi l’Italie et pas l’Espagne ? Le Canada ? La Malaisie ? Désolé, vous n’aurez pas la réponse ici, juste une interrogation sur la dimension culturelle du signe. Car c’est vrai : allez sur YouTube ou ailleurs chercher une de ces vidéos sur le parler des mains à l’italienne et essayez de déchiffrer les différents signes proposés. Il y a peu de chances que vous les ayez tous.

 

Communication non verbale = communication universelle ?

Car le signe a sa géographie, ses lignes de rupture. Quelque chose qui n’est pas forcément intuitif : si nous tenons pour acquis que la pratique d’une langue est circonscrite à un territoire, nous pouvons avoir tendance à supposer une forme d’universalité du geste, pensé comme le plus petit dénominateur commun de la communication. Qui n’en a pas fait l’expérience en voyage, devant la nécessité de se faire comprendre par quelqu’un sans recours possible au verbe ? Passons par le geste ! Et ça peut fonctionner. Index sur la poitrine : « Moi ». Vous faites cheminer votre pouce et votre index sur le dos de votre autre main : « Marcher », « Aller ». Vous vous faites comprendre.

Seulement pas toujours. Allez en Inde, vous risquez d’être déconcerté(e) par les hochements de tête de votre interlocuteur (non, ce n’est pas juste un « oui »), tentez un V de la victoire en Angleterre ou un pouce levé au Moyen-Orient, et vous voilà dans de beaux draps (dans les deux cas, on est proche d’un majeur levé chez nous). La palme revenant au geste associé chez nous au zéro, le bout de l’index et du pouce joints, et les autres doigts levés : aux États-Unis, c’est un « OK », en Allemagne, votre interlocuteur se sentira pris pour un idiot, tandis qu’en Tunisie il y verra une menace de mort (rien que ça) ; ailleurs encore, vous êtes en train de désigner le sexe féminin. Bon. Et de la même façon, un contact visuel direct ou une trop grande proximité, attitudes relativement normales en Europe, peuvent être mal interprétés dans les cultures asiatiques. D’où l’importance de la communication non verbale dans un contexte interculturel : le geste de l’autre nécessite lui aussi un apprentissage.

 

Ce rapide tour d’horizon, loin d’être exhaustif, nous prouve toute la richesse de la communication non verbale, aussi bien dans les canaux qu’elle utilise que dans ses finalités et ses modalités d’emploi. Trop souvent négligée, elle dessine un merveilleux champ d’exploration pour toujours mieux comprendre et se faire comprendre, que ce soit avec votre voisine de palier ou avec vos rencontres du bout du monde. Je vous laisse avec le mot signe de la fin :

 

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