Tutoiement ou vouvoiement, that is the question…

Il y a déjà quelques temps, le Los Angeles Times publiait à l’occasion du 14 juillet, un schéma drôle et pertinent pour aider les étrangers à se repérer dans notre emploi, subjectif et souvent très personnel, des pronoms tu et vous.

La distinction T-V

La « distinction T-V », comme la nomment les linguistes (nom qui provient du latin où les deux pronoms sont tu et vos), est très intéressante, car elle concerne de nombreuses langues sans pour autant faire l’unanimité. En effet, l’anglais moderne ne fait pas de distinction explicite, tout comme l’islandais : nous sommes tous mis à la même enseigne, et seul le titre (M., Mme, M. le Procureur, Votre Majesté) ou l’absence de titre permet de faire la distinction entre les interlocuteurs. À l’inverse, les locuteurs wallons n’utilisent traditionnellement que le vous, le tu étant mal considéré et vulgaire.

Tu ou vous

En dépit de ces exceptions, depuis le Moyen-Âge, le français et la plupart des langues européennes utilisent le vouvoiement (aussi appelé voussoiement) et le tutoiement pour distinguer le niveau de familiarité avec lequel on s’adresse à autrui, ou le niveau de formalisme et de respect que l’on souhaite exprimer (envers un personnage d’autorité ou une personne plus âgée, par exemple). En France, la Révolution a vainement tenté d’abolir le vous au nom de l’égalité des citoyens, mais les Français ont choisi de continuer à utiliser le vous. Serait-ce par sentimentalisme, pragmatisme ou sens de la langue ? Vous l’avez peut être constaté, il est souvent terriblement difficile d’expliquer de manière claire aux non natifs le bon usage du tu et du vous tellement leur emploi est intrinsèquement lié à nos référentiels culturels. Le schéma du Los Angeles Times a pour vertu de mettre sur le papier une méthode simple à utiliser pour arriver à déterminer si l’on doit dire tu ou vous, et ainsi amener les francophones dont ce n’est pas la langue maternelle à comprendre ce que nous utilisons par pur automatisme de pensée.

La fin du « vous » ?

Toutefois, on peut s’interroger sur la pérennité d’un tel schéma, alors même que l’on constate au quotidien que le vouvoiement se marginalise dans de nombreux cas de figure. Le numérique ayant créé une société plus « verticale » qu’horizontale, où le formalisme n’est plus de mise, l’emploi du vous dans la vie quotidienne tend à diminuer. Serveurs branchés tutoyant le client, tutoiement sur les forums de discussion, proximité intergénérationnelle où l’on tutoie les personnes âgées, tutoiement des présidents de la République… Les exemples sont nombreux. Et c’est bien là le problème des règles culturelles : c’est qu’elles changent perpétuellement.

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