Traductions : comment assurer la protection de vos données

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La traduction de documents professionnels expose souvent des données sensibles à des risques de fuite ou d’exploitation. 

Dans cet article, découvrez pourquoi, pour garantir la confidentialité et la conformité, il est essentiel de comprendre où se situent les vulnérabilités et comment les prévenir dès le processus de traduction : 

  • Les règles qui encadrent la confidentialité des traductions

  • Les méthodes qui vous permettront de protéger vos données.

Traductions de données sensibles : un risque souvent sous-estimé

Si les entreprises sont attentives à mettre en place des solutions de cybersécurité pour protéger leurs données en interne, elles sont parfois moins vigilantes lorsqu’il s’agit de traduction. 

L’industrie de la traduction a connu plusieurs incidents majeurs en matière de protection des données. Le cas le plus emblématique reste celui de Statoil, en 2017, où l’utilisation du service gratuit Translate.com a entraîné l’exposition publique de documents confidentiels. 

L’agence de presse norvégienne NRK a découvert que des contrats, des e-mails, des coordonnées de membres du personnel et d’autres informations sensibles du géant pétrolier étaient librement accessibles via de simples recherches Google.

Traduire, c’est exposer des données sensibles

Pourtant, une fuite de données peut avoir de graves conséquences, notamment en raison de la nature des documents traduits. 

Comme le montre l’exemple de Statoil, il peut s’agir de documents critiques et leur divulgation peut avoir des répercussions lourdes : atteinte à la confidentialité des patients, accès aux coordonnées du personnel, exposition des stratégies commerciales, etc. 

Sans parler des conséquences financières : le coût moyen d’une violation de données atteint 4,4 millions de dollars en 2025, et le RGPD prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 20 millions d’euros – ou 4 % du chiffre d’affaires d’une entreprise – en cas de violation de ses dispositions.

Des méthodes de traduction pas toujours à la hauteur des enjeux de sécurité

Dans l’industrie de la traduction, la multiplicité des intervenants constitue un facteur de risque. Pour faire traduire leurs documents, les entreprises utilisent des outils en ligne et font appel à des freelances et à des agences, qui elles-mêmes emploient parfois des sous-traitants. Les risques de fuite sont multipliés et les protocoles visant à assurer la protection des données (NDA, contrôle des accès) ne sont pas toujours à la hauteur.

Il existe pourtant des cadres normatifs et juridiques à respecter, notamment le RGPD, des normes ISO et des accords spécifiques.

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Quelles règles encadrent la confidentialité des traductions ?

Le RGPD et la traduction : ce que dit la loi

Le RGPD (Règlement général sur la protection des données) définit des lignes directrices en matière de collecte et de traitement des données à caractère personnel des citoyens de l’Union européenne.

Si une traduction contient des données de ce type, le RGPD s’applique et les prestataires de services de traduction (appelés « sous-traitants » dans le Règlement) sont soumis à différentes obligations.

Par exemple :

  • Le sous-traitant ne peut pas recruter un autre sous-traitant sans l’autorisation écrite préalable, spécifique ou générale, du responsable du traitement (le client)
  • Le traitement des données par un sous-traitant doit être régi par un contrat ou un autre acte juridique
  • Les données à caractère personnel ne doivent pas être conservées plus longtemps que nécessaire.

Normes ISO et certifications 

Il existe aussi des normes et des certifications qui portent sur les mesures mises en place au sein d’une organisation pour protéger les données.

Par exemple, la norme ISO 27001, qui fournit des lignes directrices pour l’établissement, la mise en œuvre, la tenue à jour et l’amélioration continue d’un système de management de la sécurité de l’information.

Plus spécifique au secteur, la norme ISO 17100 décrit les exigences relatives aux processus nécessaires à une prestation de traduction de qualité et garantit notamment la confidentialité des informations relatives aux clients.

Lorsque vous faites appel à des prestataires certifiés, vous réduisez les risques de fuite des informations contenues dans vos données.

NDA, clauses contractuelles 

Les données peuvent aussi être protégées par des accords de non-divulgation, plus connus sous le sigle anglais NDA.

Ces accords obligent toutes les parties (clients, agences, traducteurs, interprètes, sous-traitants) à respecter des normes de confidentialité strictes et décrivent les conséquences précises en cas de non-respect des clauses.

Les agences de traduction les plus réputées font signer ces accords à tous leurs linguistes freelances et à l’ensemble de leur personnel dès leur intégration.

Comment sécuriser vos traductions ?

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Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour assurer la protection de vos données pendant le processus de traduction ?

Sélectionner un partenaire linguistique qualifié et certifié

Pour assurer la confidentialité de vos données sensibles, il vous faut un prestataire de services de traduction compétent et fiable. 

Comment faire pour l’évaluer ? 

  • Demandez des informations sur les procédures en place au sein de l’organisation, par exemple en matière d’audit et d’amélioration continue. 
  • Assurez-vous que le prestataire, s’il s’agit d’une agence, travaille exclusivement avec des traducteurs professionnels qui ont signé des accords de non-divulgation : c’est le cas de toutes les agences certifiées ISO 17100. La norme ISO 27001 (sur les systèmes de management de sécurité de l’information) constitue un autre bon indicateur. 
  • N’oubliez pas de vous renseigner sur les logiciels utilisés et sur l’infrastructure informatique. Au besoin, demandez des conseils à votre service IT ou juridique. Sachez que les prestataires sérieux seront heureux de répondre à toutes vos questions en amont de votre projet.

Adopter des workflows sécurisés

L’intégralité du workflow de traduction doit être sécurisée : 

  • Le téléchargement des documents sensibles doit se faire par le biais d’une méthode sécurisée, par exemple via un FTP ou un portail protégé par mot de passe.
  • Une fois que les fichiers sont chez le prestataire, ils doivent être protégés par des contrôles d’accès et par une méthode de chiffrement
  • Les outils de traduction utilisés doivent offrir des standards de sécurité élevés, comme l’authentification à deux facteurs. Seules les personnes directement impliquées dans le projet doivent avoir accès aux documents. 
  • Et toutes les tâches et communications relatives au projet doivent se faire sur les systèmes officiels et approuvés par le service informatique : pas de shadow IT.

Sensibiliser vos équipes internes

De votre côté, votre politique interne doit intégrer le principe de protection des données sensibles « dès la conception ». 

Vos équipes doivent être sensibilisées à cette problématique et les risques liés aux données doivent être considérés à chaque étape, y compris lors de la phase de traduction. 

Voici quelques questions qui peuvent aider vos équipes à prendre les bonnes décisions et à protéger vos informations : 

  • Quels documents ont réellement besoin d’être traduits ? 
  • Quels sont ceux qui contiennent des données sensibles ? 
  • Est-il possible d’anonymiser les données à caractère personnel avant l’envoi des fichiers (spoiler alert : oui !) ? 

En définissant correctement le périmètre de la traduction, vous limitez les risques.

Conclusion : faites de la sécurité un réflexe stratégique

La traduction constitue souvent un angle mort en matière de protection des données sensibles. Pourtant, une fuite de données peut avoir de lourdes conséquences. 

Pour éviter que la confidentialité de vos données soit compromise, il existe un cadre juridique et des normes applicables en matière de traitement des données que les prestataires de traduction doivent respecter, ainsi que des bonnes pratiques à mettre en place pour vous assurer que vos données sont sécurisées. 

Parmi celles-ci, la sélection des partenaires qui vous accompagneront au cours du processus de traduction et la sécurisation des workflows sont des étapes cruciales. 

À ne pas oublier toutefois : la protection des données est un principe qui doit être intégré « dès la conception » et qui doit être considéré à chaque étape. Sensibiliser vos équipes à cette problématique est primordial.

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Écrit par
Lydie Grégoire

Lydie Grégoire

Lydie Grégoire est Traductrice-réviseure EN/ES>FR, diplômée de l’École de traduction de Mons. Avec 9 ans d’expérience dans l’industrie, en tant qu’ancienne traductrice pour l’OTAN et collaboratrice de Version internationale, elle accompagne institutions et entreprises dans leurs communications multilingues.

Revu par
Arnaud Devin

Arnaud Devin

Arnaud Devin est Traducteur-réviseur senior spécialisé EN/ES>FR à Version internationale depuis 12 ans. Expert en transcréation et contenus marketing exigeants, il accompagne les marques dans l’adaptation créative et la valorisation multilingue de leurs messages.